Depuis 2012, Dispotrains reprend les informations du site Infomobi pour distribuer l’état des ascenseurs RATP et SNCF du RER et Transilien aux smartphones ayant installé l’application. Cette quantité importante de données (599541 enregistrements) permet de dégager les différences de politique d’accessibilité entre les deux compagnies.
Par ailleurs, le STIF publie chaque semestre un baromètre de la qualité de service RATP et Transilien; nous pourrons comparer ce baromètre avec nos résultats.
Le STIF indique une note de “100” pour la SNCF et la RATP au premier semestre 2014 sur l’information aux usagers de la disponibilité des ascenseurs. Le site Infomobi doit reprendre et diffuser cette information auprès des usagers.
Pour toutes les analyses de cette études, je me suis basé sur les données récoltées par Dispotrains. Pour toutes les analyses comparatives avec le baromètre STIF, j’ai limité les données à la période 2014-01-01 au 2014-07-01 du premier semestre 2014. L’ensemble des données utilisées, graphiques et codes sources sont disponibles sur ce lien.
La différenciation entre ascenseurs RATP et SNCF n’est pas évidente, car:
La règle choisie pour différentier les ascenseurs des deux agences est basée sur l’heuristique suivante, validée par une étude et vérification manuelle : un ascenseur géré par la SNCF est un ascenseur dont le code (“id”) est composé de chiffres uniquement.
Le graphique suivant montre le nombre d’ascenseurs mis à jour chaque jour par chaque entreprise:
On voit ainsi que la RATP publie des informations sur un nombre stable d’ascenseurs chaque jour (autour de 540). Le profil de la SNCF présente des trous périodiques, correspondant aux dimanches et jours fériés. Ainsi, la SNCF ne publie aucune informations ces jours-là, même si des passagers circulent. Par ailleurs, on remarque la période du 2014-08-06 au 2014-08-24 où la SNCF n’a pas publié de mise à jour. Au final, sur les 181 jours de la période, la SNCF n’a pas publié d’informations pendant 44 jours, soit un taux de mise à jour réel de 75,7%. Ce chiffre est à comparer avec les indicateurs page 24 du baromètre STIF.
Par contrat avec le STIF, les deux régies de transports SNCF et RATP doivent effectuer trois relevés par jour des états de leurs ascenseurs. Le graphique suivant montre que trois relevés sont bien effectués chaque jours, les jours de relevés. Ce graphique montre de nouveau la distinction entre SNCF et RATP, avec un nombre importants de jours sans aucun relevés pour la SNCF.
Le graphe et tableau suivants montrent les 3 types d’états publiés pour chaque ascenseur (“Hors service”, “Disponible” et “Information non disponible”), ainsi que le nombre de cas où aucune information n’a été publiée.
Status | SNCF | RATP |
---|---|---|
Hors service | 8.037 | 3.000 |
Information non disponible | 2.297 | 2.612 |
Disponible | 73.015 | 92.252 |
Non publié | 25.864 | 2.782 |
% information | 74,21% | 94,64% |
% disponibilité (-inconnu) | 90,08% | 96,85% |
% disponibilité (+inconnu) | 66,86% | 91,66% |
On voit ainsi que seuls 66,9% des pointages SNCF reviennent avec l’état “Disponible”, permettant d’assurer à l’usager que les ascenseurs fonctionnent effectivement. Dans les autres cas, l’information est retenue, ou l’ascenseur est effectivement déclaré comme “Hors Service”.
A contrario, la RATP affiche un taux de disponibilité de 91,7%. Ces taux effectifs (RATP et SNCF) sont à comparer avec ceux affichés dans le baromètre STIF, pages 7, 9 et 19.
Probablement le plus intéressant dans ce jeu de données, les enregistrements des états des ascenseurs permettrent d’analyser et de comparer le traitement des pannes d’ascenseurs entre les deux agences. En effet, pour chaque ascenseur, il est possible d’extraire la durée des pannes et des périodes de service. L’analyse suivante a été conduite sur l’ensemble du jeu de données, soit du 2013-02-27 au 2014-10-25.
Ce premier graphe montre le temps avant panne des ascenseurs RATP et SNCF. Les deux distributions ont les caractéristiques suivantes, en heures:
Un test de Mann-Whitney (p < 0,01) confirme la différence de “survie” des deux populations d’ascenseurs (W = 5676856), avec les ascenseurs SNCF tombant en panne 92 à 140 heures (intervalle à 99%) plus vite que ceux de la RATP.
On notera cependant la faible durée de vie générale des ascenseurs, résultat probable de leur vétusté et de la qualité de leur entretien : 75% des ascenseurs seront tombés en panne en 43 jours à la RATP; il suffira de seulement 19 jours pour ceux de la SNCF.
Ce dernier graphe montre le temps de réparation des ascenseurs RATP et SNCF. Comme pour les données précédentes, la différence entre les deux populations d’ascenseurs est visible. Les caractéristiques des deux distributions sont les suivantes:
Les différences dans l’entretien des ascenseurs se retrouvent ici aussi: les temps de réparations sont ainsi significativement plus long pour la SNCF, qui met plus de 24 heures (au lieu de 6h) pour la moitié de ses pannes.
L’analyse des données issues d’Infomobi, collectées pour Dispotrains, permettent de mettre en évidence les différences dans la gestion des équipements d’accessibilité entre la SNCF et la RATP, ainsi que les différences entre les données publiées quotidiennement par le STIF et les indicateurs d’auto-évaluation rapportés dans le baromètre STIF du premier semestre 2014.
En détail, on voit que, si la RATP et la SNCF gèrent un nombre équivalent d’ascenseurs, le suivi effectué par la SNCF est moins régulier et l’information transmise plus aléatoire que la RATP. Quant à l’état des ascenseurs eux-même, ils sont à la fois significativement plus souvent en panne, et la SNCF met 2 à 4 fois plus de temps à les réparer.